Biographie

C’est fin 1984, début 1985 qu’une jeune femme brune ébouriffée fait son apparition sur les ondes et les télévisions françaises en interprétant avec énergie et conviction son tout premier 45 tours, Ombre chinoise, qui vient de paraître chez Pathé Marconi.

Sarah Mandiano est née Françoise Castellani et elle a la musique dans le sang. Toute petite, elle écoute de la musique classique, Mozart, « avec en même temps le sentiment de passer à côté de mon époque », dira-t-elle. À 12 ans, elle intègre la Maîtrise de Radio France où elle suit pendant quatre années une formation musicale en alternance avec une scolarité générale.

Au lycée, alors qu’elle compose déjà, un camarade lui demande de l’accompagner à des auditions en tant que choriste : « Au quatrième essai, un éditeur – Max Amphoux – lui a dit que… c’était plutôt moi qui devais chanter ! » Une révélation qui doit pour le moins déconcerter la jeune artiste qui souhaite plutôt s’exprimer au sein d’un groupe, elle fait d’ailleurs de la musique avec deux copains et trois guitares électriques et donne des petits concerts dans les MJC. Mais Amphoux leur présente le parolier Boris Bergman et ensemble ils vont écrire une comédie-musicale, Trois bouteilles à la mer, qu’ils présentent dans quelques cafés-concerts parisiens.

Le disque, elle n’y pense pas, pourtant une audition réussie chez Pathé Marconi va forcer le destin et Gérard Jardillier, directeur artistique à qui l’on doit les débuts récents de Jeanne Mas ou de Vivien Savage, la prend sous son aile.

Ombre chinoise

Ombre chinoise, le premier single, est un succès d’estime qui lui permet de se confronter au public et aux caméras, et un premier album est enregistré. Elle en co-signe tous les titres avec son complice Lionel Axel-Geay mais, étrangement, ce premier LP ne sort pas en France mais seulement au Japon où Sarah, en compagnie d’autres jeunes pousses comme Étienne Daho, Sapho, Carte de séjour, part en tournée en 1986.

Un an avant, en 1985, était sorti en France son deuxième 45 tours, l’inédit Pour toi moi je…, une ballade qui n’aura pas autant d’exposition que son premier titre. La même année, elle s’inscrit au Studio des Variétés où elle affine son style et rencontre d’autres artistes (elle fait partie de la première promotion avec Bruno Maman, Jérôme Pigeon ou Jacques Haurogné). « Après Radio France, il m’a fallu en effet désapprendre à chanter, effacer le côté lyrique, technique, pour utiliser la voix comme un instrument et retrouver l’émotion. Car au début, ma voix me servait plutôt à me cacher ! »

En 1986, La Dame de Shanghai sera le troisième et dernier single chez Pathé. Elle travaille désormais main dans la main avec son compagnon Jean-Claude Chachaty (musicien, arrangeur, réalisateur…) qui a co-composé et réalisé le tube Magie noire pour Philippe Russo, et on les retrouve au générique de disques d’autres artistes. Sara écrit, et souvent fait les chœurs, sur des 45 tours de Marco Zuddas (Tu m’as joué), Karen Cheryl (À l’envers à l’endroit), Florence Weber (Mon amant au hammam), Patricia Zamler (T’aurais pas vu l’amour)…

Mais elle signe également chez Phonogram où elle sort deux nouveaux 45 tours : Vénus et l’aquarium en 1987 et Ombre immobile en 1988. Avec Vincent Frèrebeau, qui réalise ses derniers morceaux et qui créera plus tard le label Tôt ou tard, elle souhaite un nouvel album et présente à Phonogram une série de maquettes dont, déjà, le fameux J’ai des doutes, mais l’enthousiasme n’est pas celui qu’elle espérait et elle décide de quitter le label.

Une bonne initiative puisqu’avec ses maquettes elle intéresse deux maisons de disques : Barclay et Virgin. Un choix cornélien qui penchera finalement vers Barclay, plus enclin à sortir un album, et le début d’une série d’atermoiements puisque Thierry Haupais et Philippe Constantin, les deux associés de Barclay, décident d’arrêter leur collaboration, de monter chacun son propre label, tout en faisant des appels du pied à Sara. « La décision était terrible à prendre, et a impliqué un an de transactions, avec les bandes bloquées etc. mais j’ai suivi Haupais dont je fus la première signature sur son label Kondo. Du coup J’ai des doutes, écrit en 1987 et enregistré à Bruxelles en février 1990 avec Dan Lacksman, n’est sorti qu’en mars 1991 ! »

Point d’interrogation

Une longue attente pour un album au titre sous forme de point d’interrogation (dont elle signe textes et compositions) qui va pourtant envahir les bacs des disquaires en cette année 1991, porté par un tube, J’ai des doutes, qui permet à la chanteuse d’écumer tous les plateaux télés et d’envahir les ondes, de grimper à la 10e place du Top 50 avant d’enchaîner avec un autre succès, la ballade Défense d’y voir en 1992. Suivra un troisième et dernier extrait de l’album, Les Serments, la même année, alors que Sara est nommée en tant que révélation aux Victoires de la musique et donne un concert aux Francofolies de la Rochelle le 11 juillet.

La suite sera plus tumultueuse et il faudra encore s’armer de patience. Kondo Music, son label, change de distributeur en passant de Polydor à Warner, or le nouvel album, Saison des pluies, est prêt, enregistré à nouveau chez Dan Lacksman à Bruxelles avec des musiciens comme Chaz Jankel, Eddie Conard, Graham Ward… Mais il faudra attendre un an avant qu’il ne sorte, début 1994, lancé avec le single éponyme.

Malgré la sortie de deux autres extraits (Cool et Play), l’album (pourtant excellent) est moins soutenu, moins diffusé, et une tentative de distribution européenne en 1995 n’aura qu’un résultat mitigé. Thierry Haupais décide de cesser les activités de son label et Sara se retrouve alors seule chez Warner, avec une équipe qu’elle ne connaît pas et qui ne l’a pas choisie.

Pourtant la passion perdure et un nouvel album est écrit et présenté à une nouvelle maison de disques en 1996 qui l’accepte avant de se rétracter suite à la défection de l’équipe artistique. « Chacun de mes disques m’a pris du temps. Du coup, je me suis dit qu’il fallait que je gère le plus de choses possibles, l’écriture, la composition, j’ai acheté un Mackintosh, un Performer, un clavier, et je me suis mise à travailler sur un autre projet qui correspond exactement à ce que j’ai envie d’entendre aujourd’hui », disait-elle en 1999.

La suite se fera dans l’ombre avec des titres écrits pour Thierry Séchan, Véronica Antico, Romane Serda, ou des voix pour Les Têtes Raides, Joseph Racaille, Peter van Laet, Pierre Rapsat, de l’illustration sonore avec des jingles pour Yapa+toon, Gulli, TV5. Elle devient manager des Studios de la Seine à Paris et donne des cours de chant.

Dream of miracles

Et puis, en 2007, à l’heure de Myspace, Sara se lance dans un nouveau projet musical indépendant, en s’entourant d’amis musiciens, comme elle a toujours aimé le faire. Sous le nom de Shaaks, groupe dont elle est la compositrice et la chanteuse, elle met en écoute quelques titres sur internet avant qu’en 2010, en toute discrétion, l’album Dream of Miracles ne fasse son apparition sur les plateformes. On y retrouve la voix si singulière de notre chanteuse ainsi que ses compositions envoûtantes et des textes en anglais : Angel, A Piano Play, Your Own Direction… pour l’instant son dernier témoignage musical, en tout cas à ma connaissance.

Aujourd’hui le répertoire de Sara Mandiano, à l’exception de cet album, est tristement absent des plateformes digitales, et ses tubes ne sont plus compilés depuis 2007, année où disparaît Thierry Haupais, producteur et éditeur de ses albums des années 90.

On sait que Sara s’installe ensuite à Nice où elle reprend la gestion d’un hôtel, toujours avec son mari, Jean-Claude Chachaty, mais ces activités hôtelières semblent avoir cessé début 2022 et depuis, nous n’avons plus trace de la chanteuse…
Citations extraites de l’interview pour la revue Notes de la SACEM, n°154 paru en 1999.

biographie / discographie / blog / à propos / contact

© 2022 Reproduction interdite

%d blogueurs aiment cette page :